Des fautes de français tolérées
Lorsque l’on est amené à rédiger des rapports, documents, comptes rendus qui ont vocation à circuler, on s’efforce de rédiger dans la langue la plus châtiée possible. Mais certaines expressions résultent de conventions d’usage. Or les usages évoluent, parfois par simplification, parfois parce que le discours oral répand des expressions détournées de leur signification première. Les rédacteurs professionnels les évitent. Mais quand il s’agit de restituer la parole des autres dans un compte rendu ou un PV de réunion professionnelle, par exemple, certaines fautes de français sont tolérées. En voici quelques-unes, mais elles restent des fautes !
Des erreurs de langage que l’on tolère par souci de simplification
Si certaines fautes de français ne peuvent être admises parce qu’elles sont contraires à la logique, d’autres correspondent à un besoin de simplifier la langue française, et notamment, sa grammaire, dont on sait qu’elle est complexe. C’est pourquoi l’on en vient de plus en plus à admettre que l’on emploie deux règles différentes pour une même expression. Mais attention, ce sont que des fautes de français qui sont tolérées !
On pourra ainsi voir :
- une foule d’individus était rassemblée ou étaient rassemblés
Avec les noms numéraux du type « dizaine », « millier », etc., le verbe continue de s’accorder avec le nom qui suit : une dizaine de livres ont été vendus. Mais avec des noms comme « multitude » ou « majorité », on admet désormais que le pluriel et le singulier sont possibles : une majorité de participants a assisté à la séance ou ont assisté à la séance. L’accord du verbe avec le sujet – en l’occurrence, avec ce qui semble être le sujet – est la règle de base que l’on apprend à l’école. Pour notre part, nous voyons plutôt une multitude de sujets. Nous pensons que le singulier a tendance à fondre chaque individu dans une globalité anonyme et grégaire, alors que le pluriel préserve l’individualité et l’activité propre de chacun, qui n’est associé à d’autres que pour la circonstance… Comparez « une multitude d’enfants jouait dans la cour » et « une multitude d’enfants jouaient dans la cour ». Avec la deuxième proposition, on voit bien qu’ils jouent à des jeux différents… La grammaire est encombrante mais offre aussi des nuances subtiles !
- après qu’il a ou après qu’il ait…
C’est ce fameux indicatif des puristes de la langue après la locution « après que ». Il faut bien se rendre à l’évidence : l’emploi de l’indicatif se perd. Il a pourtant sa raison logique : il nous rejoindra après qu’il aura voté. L’indicatif « aura voté » signale que le fait aura été accompli. Alors que : « après qu’il ait voté » signale que l’action reste encore suspendue à une condition. Mais par confusion avec la locution « avant que », qui impose le subjonctif puisque l’action n’est pas réalisée (avant qu’il soit venu), on rencontre aujourd’hui beaucoup plus fréquemment le subjonctif avec « après que ».
Des fautes de français que l’on admet parce qu’elles se généralisent
Dans d’autres cas, il faut se faire une raison : il y a des fautes de français que l’on tolère parce qu’elles sont tellement employées qu’elles sont passées dans la langue. Il faudrait effacer la mémoire collective et faire « redémarrer » pour les bannir de la langue. C’est le cas, par exemple, pour :
- de par
On emploie aujourd’hui beaucoup l’expression « de par » à la place de « du fait de » ou « en raison de » ou tout simplement « par ». À l’origine, elle est dérivée de « de la part de », qui a un autre sens, mais on la rencontre souvent comme figure de style pour insister sur le facteur causal de la proposition : « de par son expérience » met ainsi l’accent sur cette expérience.
- au niveau de
Alors que d’après l’Académie française, cette locution est normalement réservée pour décrire une position, une position dans l’espace de deux choses l’une par rapport à l’autre, ou bien une position hiérarchique, par exemple, son emploi s’est très largement étendu. Aujourd’hui, on l’utilise souvent dans le sens de « en ce qui concerne », « s’agissant de », « pour ce qui touche à » ou « sur le plan de ». Mais pour les rédacteurs de Résumémo, cela reste très maladroit… « au niveau » du style ! 😉
- le tri sélectif
Voilà un bel exemple de pléonasme, que l’on entend désormais tous les jours. Rares sont ceux qui savent qu’il ne faudrait parler que de « tri » ou de « sélection » des déchets puisque par essence, le tri est déjà une sélection… Cela revient à « sortir dehors » ou à « monter en haut ». Mais le pli est désormais pris !
Il est probable qu’avec l’évolution de la langue, certaines fautes de français que nous avons classées comme « à bannir » dans l’un de nos précédents articles vont passer dans la catégorie des fautes de français tolérées. Mais chez Résumémo, nous respectons les règles logiques et traditionnelles du français. Hormis pour les transcriptions in extenso, bien évidemment, qui sont l’expression pure de la langue verbale, vivante, spontanée et parfois… incorrecte !
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