Le métier de rédacteur de débats vu par ceux qui l’exercent

Qui sont-ils ? Profil et accession au métier

Benoît, Elsa et Emmanuel ne se destinaient pas à devenir rédacteurs de débats. Dans la mesure où il n’existe aucun diplôme ni aucune formation spécifique conduisant à ce métier, il ne fait l’objet d’aucune publicité dans le cadre de l’orientation professionnelle traditionnelle. C’est par le bouche-à-oreille ou par un concours de circonstances qu’ils y sont venus, après d’autres expériences professionnelles. Tous trois ont une formation universitaire en sciences humaines et sociales et des parcours diversifiés. 

Les qualités indispensables au quotidien du rédacteur de débats

Nos trois rédacteurs de débats connaissent les difficultés et les contraintes de leur profession. Au-delà des compétences techniques, elle mobilise de nombreuses compétences humaines, celles-là mêmes qui vont apporter une plus-value à leur travail, leur permettre de livrer un document parachevé et répondant aux exigences du client et ainsi, d’avoir la satisfaction du travail bien fait.

Curiosité

La culture générale ne suffit pas. Il faut aller chercher la connaissance. Le jargon, les sigles, dates, chiffres, citations doivent être vérifiés sur les supports fournis et à défaut, dans des ressources Internet fiables. Pour Elsa, « la curiosité est centrale : si tu n’es pas curieux ou intéressé par divers sujets, si tu n’es pas capable de t’ouvrir à des questions que tu connais peu, tu peux passer de très mauvais moments à traiter certains dossiers. »

Organisation et rigueur 

La mission de filage exige d’être parfaitement opérationnel en réunion. Nos rédacteurs vérifient leur matériel à la maison pour s’assurer que tout fonctionnera bien quand ils en auront besoin. Par sécurité, ils installent généralement un enregistreur de secours. Ils préparent aussi leur trame de filage en amont pour ne plus avoir à saisir que le déroulement de la réunion pendant celle-ci.

Benoît, avec quatorze années d’expérience, est parfaitement rodé dans son organisation. Emmanuel avoue qu’au début, il acceptait toutes les missions de rédaction, mais qu’il avait du mal à respecter les délais de livraison. « Aujourd’hui, j’ai une vision plus réaliste : je préfère prendre moins de missions. » D’autant plus qu’il consacre beaucoup de temps à la relecture et à la chasse aux coquilles. De son côté, Elsa, sachant que certaines périodes de l’année sont plus chargées, s’organise pour anticiper l’afflux des demandes.

Adaptabilité et souplesse

Les réunions se suivent et ne se ressemblent pas : le rédacteur doit s’adapter à chaque situation. 

« On ne traite que des dossiers d’exception : on n’a jamais la même chose d’une réunion à l’autre » (Benoît). 

Elsa relève que « certains clients ont des exigences spécifiques qui ne répondent pas aux conventions d’écriture standard. Il faut plus de temps pour se familiariser avec le dossier. Parfois aussi, il n’y a pas de récurrence dans les dossiers que tu traites. Il faut repérer les voix et les façons de parler de tous les intervenants pour pouvoir les identifier. »

Pour Emmanuel, au vu des thématiques qui changent d’une réunion à l’autre, « il faut être capable de se mettre très vite dans le bain, de jongler entre différents sujets, avec le jargon et les acronymes qui leur sont propres. Parfois, le client ne comprend pas nos difficultés parce que pour lui, c’est naturel. En plus, il faut savoir que les formats et les mises en page sont tous différents. On doit s’y adapter. C’est très chronophage. » 

Écoute, compréhension, capacité d’analyse et esprit de synthèse

Le rédacteur de débats doit être en mesure de fournir un effort soutenu d’attention pour cerner rapidement les éléments essentiels d’un débat qui peut porter sur des sujets techniques. Devant certains échanges sibyllins ou elliptiques, le travail peut parfois s’apparenter à celui d’un traducteur, avec ce que cela implique de réflexion et de respect de la pensée de l’orateur, dont toutes les nuances doivent être reproduites. Dans cet exercice, Benoît, Elsa et Emmanuel insistent sur l’importance d’avoir l’esprit de synthèse et une bonne capacité d’analyse pour une bonne compréhension globale des sujets.

Humilité et honnêteté intellectuelle, impartialité et responsabilité

C’est Benoît qui pointe l’importance de l’honnêteté intellectuelle : « on n’a pas le droit d’inventer des choses ». 

Elsa souligne la valeur ajoutée des rédacteurs externes à la structure organisatrice de la réunion : « je ne vois pas comment une personne de l’entreprise peut garder son impartialité quand elle rédige un compte rendu. Il y a toujours un intérêt à passer un message. Le rédacteur externe, lui, ne répond pas à un supérieur direct. » Sa responsabilité est de retracer la stricte réalité des échanges.

Discrétion et compétence relationnelle

Dans la mission de filage, Benoît pense qu’en plus de la ponctualité et de l’efficacité, « la discrétion figure dans le top 3 des qualités demandées au fileur ». 

Emmanuel souligne l’importance d’être avenant et souriant, de montrer qu’il a plaisir à faire son travail. Elsa pense que « prendre le temps d’échanger est essentiel pour établir une relation de confiance. Je me montre ouverte aux critiques dans un esprit de co-construction. J’ai une appétence de retours sur mon travail. » 

Patience, sang-froid et pédagogie

Le rédacteur-fileur est susceptible de devoir assurer ses fonctions pendant des heures et est parfois exposé à des situations difficiles. Il doit faire preuve de résistance physique et de patience.

Pour Emmanuel, « le plus stressant, c’est lorsque tu arrives avant l’heure de la réunion pour installer posément ton matériel et que la personne de l’accueil t’a oublié. Est-il impoli de se signaler ? » Il relève aussi la dimension psychologique du métier. « Certaines réunions de PSE ou des restitutions d’enquêtes sur des risques psychosociaux ou des cas de harcèlement, par exemple, sont humainement un peu lourdes. Quand l’ambiance est électrique, c’est plus fatigant qu’une réunion en bons termes. J’ai parfois besoin de prendre du recul. » 

Elsa sait qu’elle peut être confrontée à un incident sur lequel elle n’a pas la maîtrise, par exemple lorsqu’au cours d’une réunion en visioconférence, la connexion saute. 

Fort de sa longue expérience, Benoît l’affirme : « aujourd’hui, je suis en capacité de traiter tout ce qui se présente. Avec un niveau de qualité différent, mais rien ne me fait peur. Je ne panique plus. » Un niveau de qualité différent parce que « les clients ne savent pas forcément ce dont nous avons besoin et pensent à notre place. Ils ne nous fournissent pas toujours des documents qui, pourtant, sont disponibles et nous feraient gagner un temps fou. […] Un PV, c’est une intervention humaine, avec toute l’intelligence que cela demande. Il faut faire comprendre cela aux clients. »  

Un métier, pas forcément une carrière ?

Au bout du compte, nous avons demandé à nos rédacteurs de débats s’ils aimaient leur métier. 

Emmanuel déclare : « j’aime bien travailler avec Résumémo. Il y a beaucoup de bienveillance. Mais je ne ferai pas ça toute ma vie ! »

Elsa est enthousiaste. Elle trouve le métier très intéressant. « On apprend énormément de choses que l’on ne voit pas par ailleurs dans plein de domaines. C’est un métier de l’ombre où l’on n’est pas mis en avant mais où l’on va apporter son petit grain de service dans une structure. On est désolidarisé de tout et pourtant essentiel à la bonne marche de l’établissement. Le rédacteur est en retrait mais c’est une personne clé dans le bon fonctionnement des instances. »

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